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12 hommes en noir

12 hommes en noirPrésentation de l’équipe
par le sélectionneur Frédéric PRILLEUX
par ordre d’entrée sur le terrain.

Marc Villard (Loi 1)

Ce poète du rectangle vert est un véritable mercenaire du ballon rond. Actuel attaquant vedette du Rivages FC, il a écumé de nombreuses écuries, séduites par son jeu direct et axé sur les passes courtes, dont il maîtrise l’art à la perfection. Ce spécialiste du coup du sombrero s’est taillé une solide réputation de meneur d’hommes, tant sa classe naturelle éclabousse les terrains et en impose à ses partenaires. « Il y a ceux qui sont nés pour perdre, et il y a moi », a-t-il un jour déclaré suite à un match somptueux, où il inscrivit les 5 buts du Rivages FC, à la défense passoire de l’AS Baleine.

Un temps approché par le PSG, il a renoncé aux offres mirobolantes du club, craignant de trop Souffrir à St Germain des Prés. C’est tant mieux pour le Rivages FC, qui compte ainsi dans ses rangs la plus glamour des stars du championnat, comme en témoignent ces sacs postaux entiers de lettres de supportrices enflammées qui arrivent au club, presque toutes à destination de Villard. « Elles sont folles de mon corps », a expliqué le joueur à Claire Chazal au cours d’un JT récent.

Jérôme Leroy (Loi 2)

Après avoir longtemps hésité à s’engager au Lille Olympique Sporting Club, ce solide défenseur a finalement opté pour l’Entente Cordiale et Sportive du Rocher, dont il est l’un des incontestables piliers. Surnommé Jérôme Le Rouge par ses adversaires – qui préfèrent en général affronter son homonyme du Stade Rennais – ce libéro très craint est l’initiateur d’un rituel destiné à déstabiliser l’adversaire dès le coup d’envoi.
Un peu à la manière d’un rugbyman néo-zélandais déclamant son haka, Leroy part de la ligne des 6 mètres et file à grandes enjambées vers le rond central sitôt le coup de sifflet inaugural donné, en lançant son cri de guerre : « Feu sur le quartier général !!! ». Peu apprécié d’une frange du public qui lui reproche de saboter le jeu, Jérôme Leroy a de nombreux supporters, qui se sont précipités sur ses derniers écrits – car en plus l’homme écrit après l’entrainement : À vos Marx, prêts, partez ! (Baleine) et Physiologie des lunettes noires (Mille et Une nuits)

Jean-Hugues Oppel (Loi 3)

Cet international Suisse, formé au Mendrisio Stars du Tessin et passé par Neuchatel-Xamax est le portier en titre du Rivages FC, où sa carrure en impose aux attaquants du championnat, qui craignent ses sorties tonitruantes, souvent synonymes d’ippon pour lesdits attaquants. La presse soi-disant spécialisée, peu sensible aux chorégraphies d’Oppel dans sa surface de réparation, l’a rebaptisé le Barjot ou encore Six-Pack, depuis le jour, où, pour fêter une victoire 5-0 contre l’AS Baleine, le gardien s’est enfilé 36 canettes de bière après le match. Une de ses boissons préférées d’ailleurs, dont Oppel, toujours mystérieux dans ses propos, a avoué équilibrer les effets par la consommation d’un Tigre chaque matin. Brillant théoricien de la sortie aérienne, qu’il qualifie de Piège à la verticale, il en a même fait un guide (comme Crifo) à l’usage des jeunes générations de gardiens. Il s’est du reste pris de passion pour l’écriture, comme en témoigne son dernier roman : Réveillez le Président ! une fantaisie sur la vie tumultueuse du président du Rivages FC, insomniaque notoire.

Michel Pelé (Loi 4)

Ce natif de Vitré est l’un des rares professionnels à avoir évolué dans le championnat norvégien, au RC Oslo, où il apprit les ficelles de son poste d’arrière central gauche, avant d’être repéré par Hadéka, le recruteur en chef de l’AS Baleine. Au club depuis 1997, il forme avec Prilleux (aucun lien de parenté avec le sélectionneur de ce recueil) une charnière centrale intraitable, qui prend un peu moins de 6 buts par match. Pelé (aucun lien de parenté avec la légende du football brésilien) fait partie de ces joueurs discrets mais indispensables, et il ne serait pas étonnant que celui qu’on surnomme « Le fjord infranchissable » soit bientôt appelé à jouer un rôle dans la nouvelle équipe de France en reconstruction. En attendant, il est toujours temps de se plonger dans son célèbre récit, L’interprétation des raves (Baleine), où toute sa philosophie de la défense est exposée.

Thierry Gatinet (Loi 5)

Comme Levavasseur et Thiébaut, Gatinet est né en Normandie, et, pour qui le voit à l’oeuvre pour la première fois, la chose saute aux yeux : ce joueur possède la Viking Attitude. Définie par Hadéka dans son célèbre  Panorama des principaux styles footballistiques du 21e siècle, la Viking Attitude n’est ni plus ni moins que la capacité d’un joueur à laisser toute angoisse au vestaire, à ne céder à aucune intimidation, bref à nier toute peur, et force est de constater que Gatinet, ailier à la vivacité surprenante, la possède. Un penalty à tirer ? Gatinet se présente. Une tête à mettre là où personne ne risquerait un crampon ? Gatinet plonge. Une insulte gratinée qui descend des tribunes ? Gatinet escalade les grilles de sécurité. Insaisissable sur son aile droite, il évite, les charges des défenseurs qu’il met dans le vent avec une agilité inégalée dans notre championnat. Ce n’est pas pour rien qu’on le surnomme « El torero » et qu’il en agace plus d’un avec son déhanché. Il fut tout de même victime d’une vilaine blessure causée par le néerlandais Van B***, lors d’un match de bienfaisance pour les orphelins de Frisco. Une blessure qui fit de lui le martyr de la ville, et qui l’a laissé trop longtemps éloigné des terrains.

Denis Flageul (Loi 6)

Ce milieu défensif a débuté au Stade Lamballais, et il était de ce fameux match de coupe de France qui s’est soldé par une cruelle défaite (1-0), sur un des plus beaux buts casquette de l’histoire du football : dégagement raté du gardien lamballais, qui glisse au moment de frapper, rebond de la balle sur les deux arrières centraux, barre transversale, et ultime rebond sur l’arrière du crâne de Flageul, alors en train de nouer un lacet récalcitrant. But. Traumatisme des supporters et noir sur la ville à Lamballe pendant tout le week-end. Flageul eut longtemps mal au crâne suite à cet épisode, et quitta le club peu après, marqué par cette élimination… qui lui fermera aussi les portes du Stade Rennais, club de ses rêves. Il se refait depuis une santé à l’US Coop Breizh, où son aisance à la récupération dans les conditions climatiques difficiles lui a valu un curieux surnom le Tempestaire, et… le respect de ses adversaires. Il a récemment publié une autobiographie footballistique, sous le titre mystérieux d’Un fils à papa chez les zonards.

Jean-Luc Manet (Loi 7)

Formé à l’ASPTT de Paris, cet ailier droit élégant et racé, est une des perles de notre actuel championnat. Sous contrat avec le Dynamo Autrement, il est étonnant qu’une des grosses écuries du gotha européen ne se soit pas encore manifestée pour s’attacher les services du meilleur buteur des deux derniers championnats de France. Peut-être ont-elles été freinées par la propension de ce joueur à être aussi assidu aux concerts qu’aux séances d’entraînement, où il est arrivé plus d’une fois en retard. Lui-même guitariste au sein du groupe de rock poétique Ton rouge à lèvres tâche, Manet semble hésiter à donner suite à une carrière footballistique, qui, menée avec rigueur, le conduirait pourtant tout droit au panthéon des grands joueurs. Alors, les décibels ou le ballon rond ? Une relecture de son long poème lyrique en prose Terminus plage de Boisvinet s’impose… à la mi-temps du prochain match du Dynamo Autrement.

Thierry Crifo (Loi 8)

Ce gardien prometteur de l’Espérance de Tunis rejoint l’En Avant Gallimard en 1998, où il est échangé contre l’attaquant scandinave Kouski, au terme d’un rocambolesque épisode estival resté dans les mémoires : Crifo, soupçonné d’avoir volé les Bétacam de l’équipe du tournage de la série Histoires d’amour, Côté cœur, est retenu deux jours en garde à vue. Il avait été en fait confondu avec Terry Creefo, flambeur anglais notoire, revenu à bord du même avion que lui de Tunisie et qui avait organisé un trafic de matériel avec un caméraman de TF1… Ce malheureux épisode n’a en rien ébranlé le portier de l’EAG, qui gardera ses cages inviolées pendant 1954 minutes au cours de la saison dernière, pulvérisant ainsi le record de Gaétan Huard qui tenait depuis la saison 1992-1993. La légende veut que ce record ait été obtenu grâce à une technique d’hypnose sur les attaquants adverses, que Crifo a d’ailleurs dévoilé dans son manuel à l’usage des jeunes gardiens intitulé L’effet Carabin (Editions La Branche).

François Thomazeau (Loi 9)

Gamin, François Thomazeau jouait gardien de but. Il prenait des mines de la part de ses copains marseillais, qui voulaient tous être les futurs JPP de l’OM. Combien ont réussi, certainement aucun, mais Thomazeau lui s’est accroché à ses gants et a tenu bon : il est désormais l’ultime rempart des Sardines de l’Écailler, club à l’ascension fulgurante, venu de nulle part et passé du CFA à la ligue 1 en quatre ans. Une ascension liée à la personnalité et à la faconde de l’entraîneur du club, un dénommé Frankie Dégun (cela fleure le pseudonyme à plein nez), aux discours d’avant match surréalistes. Dégun a, par exemple, ordonné à ses joueurs, lors du match capital pour la montée en ligue 2, de se poser la question : Qui a noyé l’homme-grenouille ? Peut-être parce que le déluge s’abattait sur le terrain… L’équipe s’en est trouvée galvanisée, et a remporté ce match capital, Thomazeau arrêtant deux penalties ce jour-là. Il est impossible de savoir jusqu’à quels sommets les Sardines de l’Ecailler grimperont, mais une chose est sûre : Thomazeau sera toujours là pour tenir l’échelle.

Pierre Cherruau (Loi 10)

Ce défenseur central est l’un des rares Occidentaux à avoir connu un début de carrière africain, avant son arrivée à l’AS Baleine. Mise au point dans les nombreuses équipes du Nigéria et du Bénin où il est passé, sa technique consistant à louvoyer dans la surface pour saisir le ballon dans les pieds des attaquants tel le poisson carnivore fondant sur sa proie est certainement à l’origine de son surnom : Barracuda. Importée dans le championnat de France, cette technique déroutante surprend même, au début, ses partenaires, déjà intrigués par la phrase inscrite de sa main, au dessus de sa place, dans les vestiaires : « on ne marche qu’une seule fois sur les testicules de l’aveugle ». Un proverbe béninois, d’après le joueur. En tout cas, rares sont ceux qui se sont essayés deux fois à lui chercher des noises :

l’AS Baleine tient là un joueur qu’elle n’est pas près de laisser partir, à moins qu’il ne faille voir dans le dernier message inscrit sur le T-shirt que Cherruau porte sous son maillot (« Togo or not Togo ? ») des envies de retour aux origines ?

Olivier Thiébaut (Loi 11)

Ce fier Normand a longtemps hésité entre le métier de relieur et celui de footballeur, mais il a fini par préférer le cuir des ballons à celui destiné à protéger les livres. Faut-il voir une forme d’hommage nostalgique à sa formation initiale dans le choix du poste qu’il occupe sur le terrain ? Gardien de but, c’est en effet l’assurance de toucher plus que tout autre cette sphère de cuir convoitée par tous… et Olivier Thiébaut est l’un des rares à pratiquer son métier à mains nues, autre indice.

Fidèle en amitié, il a suivi l’entraîneur de ses débuts (à l’AS Baleine), le fougueux J.-J. Reboux, et a rejoint les rangs de l’Excelsior Après La Lune, où il fait figure de sage, apportant calme et sérénité à une défense souvent malmenée par l’adversaire. C’est que la montée en ligue 1 est relativement récente pour l’Excelsior, et que le club a frôlé la relégation à plusieurs reprises, en particulier les deux dernières saisons, où il s’est traîné dans les profondeurs du classement. Olivier Thiébaut a témoigné de cette expérience pénible dans un ouvrage paru en 2010 : Fond de cale.

Annelise Roux (Loi 12)

Annelise Roux a commencé par se faire un nom aux Girondines de Bordeaux, dont elle fut l’attaquante en titre, avant d’attirer l’attention de l’En Avant Gallimard, qui la recrute en 2000. Là, associée au Brésilien Solidao, elle met en déroute pendant cinq saisons les défenses adverses, grâce  à une technique du déhanché qui reste de nos jours mystérieuse… et insurpassable. Grâcieuse et créative, Annelise Roux est réputée pour ses figures envoûtantes balle au pied, pour lesquelles elle trouve à chaque fois un nom évocateur. C’est au Sabine Wespieser Football Club, où elle a signé en 2009, qu’elle met au point « la solitude de la fleur blanche », cette ahurissante façon de tirer les penalties qui a fait le tour du monde sur Internet. Et pour cause ! Voici Annelise Roux, face au gardien, le pied collé sous le ballon. Au coup de sifflet arbitral, elle soulève délicatement le cuir, et, telle une louche pour elle-même, amène la balle à hauteur de genou et frappe, avec ce même pied, pour un résultat immuable : lucarne. Gauche ou droite, selon son humeur. Jamais encore on ne l’a vu  manquer sa cible, et tant qu’elle gardera cette fraîcheur d’esprit et cette inventivité, l’avenir s’annoncera radieux pour cette joueuse raffinée.

Caryl Ferey (Loi 13)

On a tendance à l’oublier, mais Caryl Ferey est entré dans le sport professionnel par le ballon… ovale, puisqu’il fut demi d’ouverture, en équipe de jeunes, à Auckland. Le rugby a toujours été sa grande passion, communiquée par un de ses amis, le célèbre Jean-Pierre Rives. Ferey a raconté cette expérience néozélandaise dans un livre plein de bruit et de fureur, Haka. À son retour en Europe, ce sportif accompli est passé au ballon rond et, en quelques années, est devenu un joueur très courtisé.

Milieu offensif à l’En Avant Gallimard, il en est une des incontestables stars du moment, aussi célèbre pour ses tacles approximatifs – qui lui ont valu de nombreuses exclusions – que pour son franc-parler. Ainsi, le jour où il fractura la jambe gauche de John Mellor, ailier du Deportivo Sandinista, et que McCash, le président du club, exigea des excuses publiques, Ferey répliqua : « Plutôt crever ! Ce fils de p… a insulté ma mère ». Cette attitude fallit coûter cher à Ferey, qui s’en tira par une suspension de six mois de l’équipe nationale, et 50 heures de travaux éducatifs, à dispenser aux jeunes des cités défavorisées. Il semble depuis s’être assagi, mais personne n’est à l’abri de sa langue de fer, ni de ses crampons d’acier.

Jean-Marie Villemot (Loi 14)

Grand voyageur, ce latéral gauche à la silhouette gracieuse est passé par le Mexique, le Cameroun, la Thaïlande et la Côte d’Ivoire, avant de poser des valises en France, où le Rivages FC a réussi à l’arracher à l’En Avant Gallimard, pourtant tout près de le faire signer au cours du dernier mercato. Il faut dire que les arrières de cette trempe sont recherchés : harcelant sans cesse le porteur du ballon, Villemot ne lâche jamais sa proie, et tel le moustique, tourne autour d’elle avant de porter l’estocade, en général le tacle pour sortir la balle en touche, ou la prise nette et sans bavure du cuir dans les pieds adverses. Impressionnant aussi par sa grande stature, il a même été, à ses débuts, qualifié de monstre aux yeux verts par un entraîneur mexicain un brin susperstitieux. Villemot est pourtant à la ville un homme des plus affables, et a même fondé une petite communauté spirituelle à Montmorency, avec l’aide d’un prêtre répondant au curieux nom d’Abel Brigand. Le monde du football est décidément là où on ne l’attend pas toujours.

Marcus Malte (Loi 15)

Certainement le plus solide défenseur axial de notre championnat, Marcus Malte ne laisse jamais sa part au chien, conformément à la légende qu’il s’est lui-même forgée en Ecosse, un soir de huitième de finale de Ligue des Champions. Rappelons l’épisode. On joue la 67e minute du match Glasgow Rangers – FN Blackriver – où Malte est alors le patron de la défense – et l’arbitre siffle un corner en faveur des Écossais. Le ballon s’élève, et Malte s’apprête à sauter pour le dégager de la tête quand l’attaquant vedette de Glasgow, l’italo-argentin Diego Horace, prend appui sur lui et lui assène un violent coup au visage avec le tranchant de la main. Dans un réflexe, Malte donne un coup de dents et saisit l’auriculaire de l’avant centre, qu’il mord jusqu’au sang. Aussitôt expulsé, le défenseur n’écopera finalement que de deux matchs de suspension, après visionnement des images par une commission spéciale. Mais c’est surtout la une d’un grand quotidien sportif (Le Doigt d’Horace), accompagnée en pages intérieures d’un dialogue entre le joueur et son entraîneur (dont les spécialistes se demandent encore à ce jour comment il a pu arriver jusqu’aux oreilles des journalistes), qui contribueront à la légende. Depuis cet épisode, Marcus Malte s’est engagé pour le FC Zulma… et s’est laissé pousser les cheveux. Un look romantique, qui plaît beaucoup aux femmes, d’autant que le joueur, qui a tous les talents, a publié un recueil de poèmes Garden of Love, récemment couronné du Prix Velours des Lectrices de Elle.

Jean-Noël Levavasseur (Loi 16)

Jean-Noël Levavasseur est avant toute autre chose un authentique passionné de football, depuis sa plus tendre enfance. Petit, il rédigeait des compte-rendus des matches qu’il voyait sur la télévision publique et gratuite (mais en couleurs, tout de même), et découpait les photos des joueurs dans le quotidien régional. Il faillit d’ailleurs embrasser la carrière de journaliste pour ce même quotidien, mais, comme Levavasseur éprouve les plus grandes difficultés à se souvenir d’un itinéraire qu’on lui a expliqué, sa vie prit un autre cours. Alors qu’il se rendait au siège du journal à Rennes, pour un entretien, ses pas l’ont conduit directement à un stage de détection de l’équipe locale, et comme sa matinée était perdue, il décida de tenter sa chance. Et il fut retenu sur le champ ! On a peine à croire à ce conte de fées modernes, toujours est-il que Levavasseur est depuis deux ans le libéro intraitable de l’US Coop Breizh, où il forme avec Alle, Rouch, Flageul et Bocquet, les « Breton Five », qui font danser l’adversaire mieux que quiconque. Joueur secret et parfois énigmatique, Jean-Noël Levavasseur a confié un jour se sentir parfois dans ce milieu comme le dahut, « capable d’atteindre des sommets sans qu’on l’ait jamais vu »…

Dominique Sylvain (Loi 17)

Il existe sur les terrains une zone où les joueurs du championnat s’aventurent à leurs risques et périls : c’est le Manta Corridor, longue bande de pelouse entre le poteau de corner et la ligne médiane où Dominique Sylvain, inamovible latérale gauche du Sporting Viviane Hamy règne en maîtresse quasi-absolue. Toutes les rencontres contre le SVH sont craintes par les joueurs, car ils savent que face à eux se dressera celle qui quadrille sa zone avec une énergie hors du commun, et qui annihile presque toutes les tentatives offensives. Il se murmure dans le milieu que cette fougue maîtrisée – car jamais encore Dominique Sylvain n’a récolté de carton – lui a été enseignée par un maître Japonais, Tezuka, ce qui expliquerait son surnom : La Fille du samourai. Elle en rit quand on lui pose la question, affirmant que c’est plutôt en écoutant en boucle Whole lotta love de Led Zeppelin avant chaque début de match qu’elle parvient à un degré de sérénité inégalé. Pour la plus grande félicité du SVH.

Frédéric Prilleux, le sélectionneur

La carrière de joueur de ce natif du Mans est fort discrète : débutée à l’AS Baleine au moment où le club teste un improbable système de jeu dit « octopodique » (formation privilégiant l’attaque à outrance et disposée en 1-1-8), elle se poursuit par un court passage au Gazélec Aubiste, où, sous les ordres d’un entraîneur lunatique, JJ Moulard, Prilleux manque de perdre définitivement son football. Son retour, au bout d’une saison, dans le giron Baleine, lui permet de mettre au point une technique de conservation du ballon, assez controversée parmi ses partenaires : la « parabole de la soucoupe ». Celle-ci consiste à faire le tour complet du rond central, en évitant tous les joueurs sur son passage, avant d’adresser une passe, rarement décisive, car une fois sur deux à l’adversaire.

À l’occasion d’un stage d’oxygénation dans les Monts d’Arrée, Prilleux, en ces terres de brume, est traversé d’une illumination : il sera le Sélectionneur National, ou rien. Il commence par prendre en main les destinées du Granit Noir Dinanais, où il se sent comme un poisson dans l’eau. Il y reste plus de 10 ans, et, un jour de match contre le New Francophonic Pordic, il est abordé à la mi-temps par les instances supérieures du football, qui lui proposent – enfin ! – de prendre les rênes du FC Polar, l’équipe nationale, un groupe de têtes brûlées difficile à canaliser. Une mission qui ne l’effraie pas et pour laquelle il sélectionne la fine-fleur des joueurs des meilleurs clubs, pour un match de gala à la Rubroca Arena, contre les Calibristes de Paris, formation redoutable à la réputation grandissante. Cette rencontre marque les débuts d’une nouvelle ère pour le football moderne, mais ceci est une autre histoire…

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